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The Other Wind, d'Ursula K. Le Guin

lundi 19 novembre 2007

Traduction française : Le vent d'ailleurs.

The Other Wind est le sixième volume et la conclusion de la saga Earthsea (Terremer) entamée plusieurs décennies plus tôt.

J'avais été très déçu du recueil de nouvelles (Tales From Earthsea) qui le précédait chronologiquement, et si The Other Wind remonte d'un cran le niveau, ce n'est pas suffisant pour faire oublier le déclin d'un cycle qui restera parmi mes favoris en Fantasy, tout en laissant un goût amer : la petite Ursula aurait pu faire bien mieux.

Si The Other Wind est globalement du même niveau que Tehanu, que j'avais apprécié, il perd de son impact par un découpage hasardeux en plusieurs parties bien distinctes (presque des novellas), ce qui casse le rythme et empêche d'obtenir un final plus "épique". Certes, ce n'était probablement pas l'intention de l'auteur de produire un roman d'action, mais plutôt de méditer sur son univers et de livrer quelques réponses à des questions restées jusque là en suspens. Ceci dit, j'ai tout de même du mal à comprendre pourquoi Le Guin n'essaye pas de proposer un crescendo vers une conclusion qui ferait figure de réel aboutissement pour la série.

Globalement, le gros problème des trois derniers volumes vient du fait qu'ils ont à chaque fois été pensés indépendamment, alors qu'ils auraient largement gagnés à faire parti d'un arc d'histoires interconnectées, comme l'étaient les trois volumes originels.

Un autre problème est l'absence de personnage central au récit, qui permettrait de nous donner un repère dans l'univers, et une vrai continuité dans l'histoire. J'ai beaucoup aimé l'effacement progressif de Ged à partir de Tehanu. C'est extrêmement rare de voir un auteur capable de lâcher son personnage fétiche lorsque celui-ci à terminé son rôle. Mais, j'aurai aimé que Tenar ou Tehanu reprenne le flambeau, et ce n'est jamais vraiment arrivé, l'auteur semblant tiraillée entre ses principaux personnages. The Other Wind a le mérite d'explorer un peu plus la psychologie de Tehanu et (surtout) de Lebanen, qui en avait bien besoin. Mais c'est bien peu et je reste sur ma faim.

Malgré ces critiques, j'estime que les quatre premiers volumes de cette série en font une incontournable du genre Fantasy. De part son ambiance particulière tout d'abord, et également grâce au talent de conteuse d'Ursula Le Guin, qui nous propose un cycle de Fantasy plus profond et plus ambitieux dans sa réflexion que la quasi totalité de ses concurrents. Dommage que la fin soit un peu un gâchis.

The Portrait of Mrs Charbuque, de Jeffrey Ford

mardi 13 novembre 2007

Traduction française : Le Portrait de Mrs Charbuque.

Jeffrey Ford est un de ces rares auteurs capables d'écrire dans tous les genres littéraires et aussi de les mélanger avec succès. Quelque soit le sujet choisit, il semble incapable d'écrire un mauvais livre. Alors quand il décide de nous raconter l'histoire d'un peintre de 1893, Piambo, engagé par une femme mystérieuse pour réaliser son portrait (avec l'interdiction absolue de voir son visage)...je me dis que oui, après tout, pourquoi pas.

Je ne vais pas m'étendre sur le fait que ce livre soit une réussite, mais plutôt sur la façon dont l'auteur parvient à nous intéresser avec un postulat qui rappelle tout de même un peu Le Portrait de Dorian Grey (Oscar Wilde est d'ailleurs cité en clin d'oeil dans le livre, aux côtés d'autres personnalitées de l'époque).

Il y a en fait trois fils conducteurs dans le livre : l'enquête de Piambo pour réaliser le portrait et découvrir qui est réellement son commanditaire ; l'auto-biographie de Mrs Charbuque, dont le passé et l'évolution sont particulièrement intéressants ; le mystère autour d'une maladie infectieuse effrayante qui semble se répandre dans New York sans origine apparente.

Evidemment, les trois fils narratifs sont étroitement liés, et c'est réellement leur association qui donne tout son intérêt à ce roman.

Comme dans The Girl in The Glass, Ford se base sur un contexte historique et y ajoute une histoire policière matinée de fantastique. Et comme dans The Girl in The Glass, la toile tissée se dénoue finalement de manière un peu facile, pas totalement satisfaisante. L'auteur laisse tout de même le doute sur l'interprétation fantastique ou rationnelle de l'histoire, ce qui me plait assez.

Ce n'est probablement pas le meilleur Jeffrey Ford, mais c'est clairement un bon représentant des oeuvres multigenres.

Neverwhere, de Neil Gaiman

vendredi 9 novembre 2007

Traduction française : Neverwhere.

"Une rue de Londres, un soir comme un autre. La jeune fille gît devant lui sur le trottoir, face contre terre, l'épaule ensanglantée. Richard la prend dans ses bras, elle est d'une légèreté surprenante. Et quand elle le supplie de ne pas l'emmener à l'hôpital, il a le sentiment de ne plus être maître de sa volonté. Dès le lendemain, elle disparaît et, pour Richard, tout dérape : sa fiancée le quitte, on ne le connaît plus au bureau, certains, même, ne le voient plus... Le monde à l'envers, en quelques sorte. Car il semblerait que Londres ait un envers, la "ville d'En Bas", cité souterraine où vit un peuple d'une autre époque, invisible aux yeux du commun des mortels. Un peuple organisé, hiérarchisé, et à la tête duquel les rats jouent un rôle prépondérant. Plus rien ne le retenant "là haut", Richard rejoint les profondeurs. Fable fantastique ou roman de fantasy contemporain, Neverwhere est inclassable, surprenant, original. Plein d'idées, de rebondissements, de clins d'oeil référentiels et de personnages iconoclastes."

Neil Gaiman est un de ces auteurs dont les fans se trouvent à la fois chez les fanatiques de SFFF et chez les amateurs de littérature classique. Il est particulièrement doué pour créer des récits fantastiques basés sur notre monde, sans que la transition entre réel et irréel ne choque le lecteur.

Neverwhere est une de ses oeuvres les plus connues et appréciées. C'est un très bon roman de fantasy/fantastique, avec des personnages attachants (que ce soit Door, le déroutant Marquis, ou surtout le duo de tueurs à gage aussi drôle que terrifiant), des dialogues bien sentis, et une trame qui reste finalement secondaire, une excuse pour nous faire découvrir les richesses du Londres d'En bas.

En fait, Neverwhere pêche surtout par une structure trop proche de son modèle (série TV) qui cause un manque de liant entre les scènes (beaucoup d'ellipses pas forcément judicieuses), et aurait gagné à être nettement plus long, pour exploiter tout le potentiel promis par son univers très intéressant, et l'imagination débordante de Gaiman.

On ne fait finalement que passer dans ce Londres parallèle, et je reste un peu sur ma faim en pensant aux nombreuses aventures que Gaiman aurait pu partager avec nous.

Qui sait, peut-être y retournerons-nous un jour ?