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Lectures d'Octobre

samedi 1 novembre 2008
Octobre : mois des questions existentielles, des feuilles mortes et des pigeons suicidaires. (...) C'est donc un post un peu similaire à celui du mois dernier que je vous propose, puisque je vais vous parler brièvement de pas moins de quatre livres. Mes principales lectures d'Octobre.


Riddle-Master, de Patricia McKillip


J'avais longtemps repoussé la lecture de cette trilogie, ayant entendu qu'il s'agissait de la meilleure oeuvre de son auteur. J'avais peur qu'après l'avoir lu, le reste de ses romans me paraissent un peu fades.

Riddle Master est une trilogie de fantasy assez atypique. Certes, l'histoire prends place dans un monde imaginaire pseudo-médiéval tout à fait similaire à ceux que l'on peut trouver dans les autres oeuvres de McKillip (et finalement pas bien différent de ce qui se fait chez d'autres auteurs). Les personnages principaux : magiciens, rois et princesses plus ou moins en détresse, ne tranche pas non plus très nettement avec les canons du genre.

C'est là que les spécificités de l'imaginaire de McKillip entrent en jeu. McKillip a pour moi deux grands points forts, indissociables : son écriture extrêmement riche et évocatrice, et son style narratif qu'on pourrait qualifier de poétique.

Riddle-Master a les défauts et les qualités habituels à son auteur. La forme est excellente, tandis que le fond n'est pas forcément la priorité. Si The Riddle-Master of Hed (1) reste relativement linéaire et simple à suivre, dans Heir of Sea and Fire (2), j'ai longtemps cherché où elle voulait nous emmener, avant de me rendre compte que je ne trouverai pas de réponse avant le prochain volume. Dans Harpist in the Wind (3), les évènements s'accélèrent très nettement, tout en prenant un angle davantage introspectif.

C'est finalement une petite déception, tout en restant une oeuvre assez particulière. On pourrait éventuellement la rapprocher de Earthsea, par son traitement intelligent de la magie, mais je n'y ai pas trouvé la profondeur de réfléxion qui caractèrise les oeuvres de Le Guin.


The Alchemy of Stone, de Ekaterina Sedia


The Alchemy of Stone est le troisième roman de Ekaterina Sedia. J'avais apprécié son précédent The Secret History of Moscow, et celui-ci est tout aussi agréable. Il a pour particularité de prendre pour cadre un monde (ou plutôt : une ville) entièrement fantasy, plutôt que notre bon vieux monde réel. Contrairement à The Secret History of Moscow, qui laissait la part belle aux personnages secondaires, la narration tourne ici uniquement autour de Mattie, une automate intelligente qui fait figure d'héroïne malgré elle.

Dans une ville en pleine (r)évolution industrielle, les deux organisations les plus influentes : la guilde des Mécaniciens et celle des Alchimistes se déchirent pour son contrôle. Les choix de Mattie, automate humanoïde créée par un notable de la guilde des Mécaniciens, pourraient bien changer l'équilibre des forces. D'autant que les mystérieuses gargouilles, créatrices originelles de la cité, semblent lui vouer un intérêt très particulier...


Carrion Comfort, de Dan Simmons


Après Hyperion, qui m'avait globalement ennuyé, et Terreur, qui fut ma meilleur lecture de septembre, j'avais envie d'explorer un peu plus la biliographie de cet auteur. Carrion Comfort (L'échiquier du mal) est l'heureux élu.

En bref : plus passionnant qu'Hyperion, moins irréprochable que Terreur. C'est dans l'absolu un bon thriller horrifique, avec une variation sur le mythe du vampire plutôt intéressante. La première moitié défile très vite, l'auteur ne laissant aucun temps mort. La seconde partie de ce roman d'un millier de page est forcément plus poussive, cédant de temps en temps à la tentation du remplissage. Carrion Comfort est somme toute un très bon divertissement (bien noir tout de même).


La Glace et la Nuit : Nigredo, de Léa Silhol


Pour terminer, et en attendant que je trouve le temps d'écrire un article plus détaillé : ma meilleur lecture d'Octobre. Cette "suite" de La Sève et le Givre, qui raconte toujours les destins liés du couple Angharad-Finstern et de la Faerie, m'a beaucoup impressionné. J'ai particulièrement apprécié le soin apporté aux dialogues. L'écriture de l'auteur est toujours un plaisir, et les mystères du Vertigen se dévoilent petit à petit. Nul doute qu'Albedo devrait placer la barre encore un peu plus haut.


Et ce sera tout pour mes lectures d'octobre. Bienvenue en novembre :)

Lectures de Septembre

samedi 27 septembre 2008
Septembre : mois de la fatigue, de la maladie et de la flemme. C'est donc un post un peu différent que je vous propose, puisque je vais vous parler en une seule fois de pas moins de quatre livres. Mes principales lectures de Septembre.


Un artiste du monde flottant, de Kazuo Ishiguro.
Voilà un court roman d'environ 200 pages pour lequel j'avais beaucoup d'espoirs. Après avoir lu son oeuvre la plus connue (Les vestiges du jour) et celle que je considère comme sa meilleure (Auprès de moi toujours) Ishiguro disposait pour moi d'un très bon capital confiance. Cette fois-ci, c'est une vrai déception.

Dans l'absolu, Un artiste du monde flottant est un bon roman, qui capture l'essence d'une époque (juste après la seconde guerre mondiale, dans un Japon occupé et partagé entre regret de la défaite et volonté d'aller de l'avant) avec une joli plume très subtile. Mais le style très particulier d'Ishiguro (fait de digressions et de retours en arrière constants) et ses techniques narratives qui faisaient généralement sa force finissent ici par me lasser. C'est peut-être dû à l'ordre dans lequel j'ai lu ses livres, mais je n'ai pas l'impression qu'il soit encore capable de se réinventer. Dans Un artiste du monde flottant bien trop de choses sont ainsi prévisibles, voir évidentes, dès les premières pages. C'est bien dommage.

Si vous n'avez jamais lu de livre de cet auteur, et que le thème vous intéresse, alors ce livre a toutes les chances de vous plaire. Si vous avez déjà lu plusieurs livres d'Ishiguro, attention à l'indigestion.



Bone, de Jeff Smith
Je parle rarement des comics ou "romans graphiques" mais c'est davantage par méconnaissance que par manque de qualité à l'intérieur de ce médium. Bone, comics fantasy de Jeff Smith, en est une preuve assez convaincante. On suit les aventures de trois cousins "Bones" parachutés dans une vallée peuplée de créatures toutes plus étranges les unes que les autres (rats géants, dragons, et surtout...humains). L'ambiance très colorée et humoristique des débuts devient progressivement plus sombre au fil des chapitres, tandis que les Bones découvrent quelle est réellement leur place dans les évènements qui se trament dans les montagnes.

Pour avoir lu plusieurs critiques anglophones décrivant Bone comme un chef d'oeuvre, je me dois de nuancer un peu ces avis : ce n'est pas du tout le cas. C'est simplement un très bon (et très long : + de 1300 pages) divertissement, qui propose un peu de tout, pour tout le monde. C'est un peu Le Seigneur des Anneaux, sans l'immense richesse de son univers (et en conséquence, bien plus facile à lire). Une lecture conseillée.



Trois Ombres, de Cyril Pedrosa
Un autre "roman graphique", dans un style tout à fait différent. Tout ce dont vous avez besoin de savoir sur l'histoire de Trois Ombres est résumé en trois lignes sur la quatrième de couverture :


"Joachim et ses parents vivaient heureux au creux des collines.
Puis les ombres apparurent et rien ne fut plus comme avant.
Une sourde menace s'était immiscée : il fallait fuir ou se soumettre"


Trois phrases assez étonnantes, puisqu'elles sont correctes tout en envoyant le lecteur sur différentes pistes qui n'ont strictement rien à voir avec le contenu de ce livre. Pas de petit garçon perdant ses parents en bas age et cherchant à se venger. Pas de voyage en solitaire. Pas même d'ennemis, en réalité, si ce ne sont la fatalité et les démons intérieurs qui nous accompagnent tous. Pour le reste, mieux vaut que vous en sachiez le moins possible.

Une excellente surprise, servie par un dessin très particulier qui apporte une jolie ambiance et accompagne parfaitement son sujet.



Yama Loka Terminus, de Léo Henry et Jacques Mucchielli
Probablement ma lecture du mois, si je devais un choisir une (en excluant The Terror). Les premières pages de cette oeuvre sous-titrée "Dernières nouvelles de Yirminadingrad" annoncent tout de suite la couleur : glauque.

Centré autour de la ville pas si fictive de Yirminadingrad (une grande ville industrielle russo-caucasienne-???, mais qui n'est finalement qu'un reflet de n'importe quelle métropole mondiale), Yama Loka Terminus est un recueil de nouvelles globalement assez sombres. C'est même davantage un recueil de vies, de morceaux d'existences qui s'entrecroisent, et permettent de dresser un portrait du monde qui les entoure et les oppresse.

C'est aussi un bel exercice de style, avec un effort constant pour adapter le style de chaque texte à son sujet, généralement avec succès.

Yirminadingrad se tient sans rougir aux côtés d'autres villes fictives emblématiques (Ambergris, New Crobuzon, ...), et bien qu'il soit difficile de prédire si les "dernières nouvelles" présentées ici seront effectivement les dernières, je suivrai dorénavant ce duo d'auteurs avec toute l'attention qu'ils méritent.

A noter que la municipalité de Yirminadingrad à décider d'ouvrir un site et un forum de discussion, pour accompagner la sortie du livre. :p


Voilà pour ce mois de septembre, et à bientôt pour de nouvelles aventures :)

La Porte, de Karim Berrouka

lundi 24 mars 2008

Auteur francophone.

Un nain tout de métal bardé errant dans le désert, deux Loups-Garous philosophes - et une légère crise de foi -, trois femmes belles et mystérieuses, une horde de barbares à l'humour barbare et aux manières barbares, vingt-quatre cadavres presque morts et une pénurie d'allumettes... Et bien sûr, une porte. Ouverte ou fermée, grattée, toquée ou explosée, de chêne (massif, renforcé de fer forgé) ou de frêle bouleau, elle est le pivot grinçant de ce petit conte férocement dégondé.

Que ce soit au niveau de l'imagination, des jeux de mots ou des évènements scénaristiques délirants, Karim Berrouka n'a pas grand chose à envier à Terry Pratchett. La Porte est un conte très amusant, juste de la bonne taille pour ne pas s'essouffler, et une distraction bienvenue entre deux lectures plus sérieuses.

On suit avec plaisir et consternation les réflexions culinaires ou hautement philosophiques de nos deux personnages principaux (nommés affectueusement Premier Loup-Garou, et Deuxième Loup-Garou), opposés à un monde cruels qui ne les laissera pas digérer (un plat de missionnaires) en paix. Tous cela à cause d'une maudite porte.

Si La Porte n'est certainement pas le livre qui changera votre vie, il pourrait bien vous faire passer un très agréable moment...si une horde de barbares ne vient pas brusquement interrompre votre lecture.

Toc ! Toc !

Cities, anthologie de Peter Crowther

dimanche 23 mars 2008

A Year In The Linear City, de Paul Di Filippo
The Tain, de China Miéville
Firing the Cathedral, de Michael Moorcock
V.A.O, de Geoff Ryman


J'ai lu récemment une anthologie de quatre novellas, nommée Cities. Le thème est la place de la Ville dans un récit fantastique/fantasy. Les cuisiniers sont Michael Moorcock, Geoff Ryman, China Miéville, et Paul Di Filippo. Je me suis procuré le livre en occasion, surtout attiré par les deux derniers noms. Le premier m'est relativement antipathique, le second m'indiffère.


A Year In The Linear City

Le concept de la novella de Paul Di Filippo m'intriguait beaucoup : Une ville monde sous forme d'un très long boulevard unique de chaque côté duquel vivent des millions de personnes. Pour aller d'un bloc X au bloc X+1000000, il faut des semaines. D'un bout à l'autre du boulevard (si tant est qu'il y ait réellement des extrémités, personne ne le sait), les gens ne parlent pas le même langage, n'ont pas le même climat...Avec quelques éléments de fantastique saupoudrés un peu au hasard, il y avait du potentiel.

Problème : le scénario et les personnages n'ont rien de très intéressant, et l'univers n'est pas suffisement exploité, se contentant de rester en toile de fond alors qu'il aurait pu piquer la vedette à un scénario franchement faiblard.

Dans le même genre, j'avais lu la nouvelle "The Concentration City", écrite en 1957 par J.G. Ballard, qui est beaucoup plus intéressante et va beaucoup plus loin, tout en étant quatre fois plus courte. J'avais entendu de bonnes chose (et de moins bonnes) sur Di Filippo, mais pour aujourd'hui je me contenterais d'un "mouais".

Firing the Cathedral & V.A.O

Je ne m'étendrais pas sur les textes de Moorcock et de Ryman, qui n'ont rien de très passionnant à dire, et aucun rapport vraiment satisfaisant avec le thème de l'anthologie. Les nombreuses citations qui ponctuent la novella de Moorcock sont par contre très bien choisies, mais c'est bien la seule chose qui m'a agréablement surpris. C'est peu.

The Tain

Enfin. Le texte le plus intéressant, de loin, et celui de China Miéville : The Tain. Miéville n'est pas vraiment mon auteur préféré : j'ai bien aimé son King Rat, sans plus, mais j'ai trouvé Perdido Street Station assommant de verbosité. Ceci dit, Miéville a souvent des idées intéressantes, qu'il aime véhiculer en compagnie de gros monstres baveux (ce qui s'appelle joindre l'utile à l'agréable). J'avais donc de l'espoir pour son texte, le format novella étant normalement un bon remède contre la diarrhée du clavier dont sont atteints beaucoup d'écrivains de fantasy.

Mission accomplie, le texte de Miéville est percutant (un Londres post-apocalyptique ultra-violent), inspiré (des réflexions pas très naturelles, des petites bêtes très énervées, des vampires pas franchement cool), opportuniste mais humble (l'auteur avoue avoir piqué l'idée dans un texte de Borges), et incite à la réflexion : l'humanité décimée se bat contre un envahisseur qui nous ressemble décidément beaucoup. (qui a raison ? qui a tord ? le combat a-t-il vraiment un sens ? ). Via des chapitres alternés, l'auteur nous présente le point de vue des deux factions, mais aussi d'un être assez étrange, puisqu'il n'appartient à aucun des deux camps.


Pour conclure sur cette anthologie : à 5 € d'occasion, je ne me sent pas volé, mais c'est dommage d'avoir gâché un thème avec autant de potentiel en sélectionnant des textes avec aussi peu d'intérêt (à part The Tain). Finalement, ce sera surtout l'occasion de rayer quelques auteurs de ma liste à lire, ce qui fera plaisir à mon porte-monnaie. On se console comme on peut.

Pride of Carthage, de David Anthony Durham

samedi 16 février 2008

Pas de traduction française.

Pride of Carthage est un roman de fiction historique. Je sais, ce blog n'est censé parler que de littératures de l'imaginaire, mais comme Durham est également un auteur de Fantasy (avec Acacia), je me permet de déroger à la règle.

D'autant que Pride of Carthage est un roman qui mérite plus la lecture que 90% de ce qui est publié en Fantasy, ce qui aide aussi pas mal. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un récit romancé de la vie d'Hannibal, général carthaginois, au travers de son principal fait d'armes : son incroyable épopée à travers l'Espagne, la Gaule, les Alpes et l'Italie, pour permettre à Carthage de défier la puissance de Rome.

Pour raconter son histoire, Durham nous fait entrer dans la tête d'Hannibal, mais pas seulement, même si celui-ci reste le point de vue principal du récit. On suit également les évènements par les yeux de sa famille, des consuls romains ou de soldats misérables qui ne comprennent pas toujours ce qu'ils font dans ces conflits interminables et meurtriers.

Première satisfaction : la prose est de qualité, presque un régal quand on sort d'un régime à base de John Marco ou de R.E. Feist. Ceci dit, ce style serait bien accessoire sans un scénario travaillé (bien aidé évidemment par son socle historique légèrement romancé) et des personnages aux personnalités crédibles. Que ce soit pour les personnages principaux, ou les figurants, Durham ne s'est pas loupé sur sa caractérisation, et parvient à nous plonger dans les mentalités de l'époque, à la fois familières et étranges (pensez à la série TV Rome).

Les scènes de bataille ou de siège, qui forment une part importante du récit, sont très bien décrites, avec un soin particulier pour expliquer les différentes tactiques utilisées par les généraux carthaginois et les consuls romains pour venir à bout de leurs ennemis. Avec la traversée des Alpes par Hannibal et ses troupes, particulièrement bien évoquée, Durham réussi à évoquer en 20 pages toute l'horreur de la marche d'une armée désespérée dans des conditions apocalyptiques, se permettant de reléguer au passage l'incroyablement surcôté Deadhouse Gates de Steven Erikson à sa seule place méritée : hors de ma vue.

Si Pride of Carthage n'est pas le roman de l'année, il n'en reste pas moins une fiction historique de très bonne qualité, susceptible également de plaire aux lecteurs de Fantasy et particulièrement aux amateurs de Guy Gavriel Kay ou de George R.R. Martin.

Never Let Me Go, de Kazuo Ishiguro

mercredi 13 février 2008

Traduction française : Auprès de moi toujours

Contrairement à ce que son nom laisserait à penser, Kazuo Ishiguro n'est pas japonais, mais britannique d'origine nippone. Le monsieur écrit donc directement en anglais, pour mon plus grand plaisir. D'autant que le titre français est particulièrement laid et détourne le sens original, ce qui pourrait laisser présager le pire concernant la traduction.

J'avais déjà beaucoup entendu parler de ses Never Let Me Go et The Remains of The Day, mais ce n'est que maintenant que je me suis décidé à sauter le pas. Mon choix, s'est posé sur Never Let Me Go pour son petit élément de science fiction (ou plutôt d'anticipation), mais il s'agit bien d'un roman de littérature générale dont je vous parle aujourd'hui.

"Kath, Ruth et Tommy ont été élèves à Hailsham dans les années quatre-vingt-dix ; une école idyllique, nichée dans la campagne anglaise, où les enfants étaient protégés du monde extérieur et élevés dans l'idée qu'ils étaient des êtres à part, que leur bien-être personnel était essentiel, non seulement pour eux-mêmes, mais pour la société dans laquelle ils entreraient un jour. Mais pour quelles raisons les avait-on réunis là ? Bien des années plus tard, Kath s'autorise enfin à céder aux appels de la mémoire et tente de trouver un sens à leur passé commun. Avec Ruth et Tommy, elle prend peu à peu conscience que leur enfance apparemment heureuse n'a cessé de les hanter, au point de frelater leurs vies d'adultes. Kazuo Ishiguro traite de sujets qui nous touchent de près aujourd'hui : la perte de l'innocence, l'importance de la mémoire, ce qu'une personne est prête à donner, la valeur qu'elle accorde à autrui, la marque qu'elle pourra laisser. Ce roman vertigineux, porté par la grâce, raconte une histoire d'humanité, de conscience et d'amour dans l'Angleterre contemporaine. Ce chef-d'œuvre d'anticipation est appelé à devenir le classique de nos vies fragiles."

Bon, l'auteur du résumé s'enflamme un peu sur la fin, mais comme son résumé est l'un des meilleur que j'ai jamais lu (juste sur tout les points, sans pourtant rien dévoiler), je lui pardonne. Et je n'ai rien à ajouter.

La seule chose que j'aurais à vous conseiller, c'est de ne rien lire de plus sur ce roman, ni résumé, ni analyse. Ce serait tuer son terrible plaisir.

"When I watched you dancing that day, I saw something else. I saw a new world coming rapidly. More scientific, efficient, yes. More cures for the old sicknesses. Very good. But a harsh, cruel world. And I saw a little girl, her eyes tightly closed, holding to her breast the old kind world, one that she knew in her heart could not remain, and she was holding it and pleading, never to let her go. That is what I saw. It wasn't really you, what you were doing. I know that. But I saw you and it broke my heart. And I've never forgotten."

The Traitor, de Michael Cisco

mardi 22 janvier 2008

Pas de traduction française.

The Traitor (2007) est un court roman de fantasy horrifique de l'auteur américain Michael Cisco, très atypique dans ses thèmes et son scénario.

Le narrateur fait partit d'une confrérie de spirit-eater : il dispose d'une capacité génétique et même magique qui lui permet de "recycler" les âmes des morts en les absorbant dans une cavité de son cerveau pour en débarrasser le monde des vivants, et éviter que leur trop grand nombre fasse apparaitre folies et maladies.

Lors d'une mission, il rencontre un soul-burner, un spirit-eater renégat qui absorbe les âmes des morts mais aussi des vivants, les tuants instantanément, pour accroitre sa puissance spirituel...au détriment de son corps en déliquescence.

Leur rencontre semblait écrite, mais elle ne se déroulera pas du tout comme on pourrait l'imaginer... (d'où le titre)


The Traitor est un livre d'ambiance et d'idées. En 150 pages, il n'y a pas de place pour la création d'univers, et le monde dans lequel évolue les personnages est donc constamment laissé dans le flou : il n'a pas réellement d'importance dans ce livre. L'axe principal pendant la majeure partie du roman est la relation d'amour-haine, de vénération-répulsion entre les personnages de Nophtha (le narrateur) et Wite (le soul-burner), des personnages fascinants dans leur intensité et leur déchéance volontaire et sans retour.

L'ambiance et les personnages sont donc très noirs et sans concessions, ce qui change des poncifs du genre. D'un autre côté, je ne peux pas dire que je l'ai vraiment apprécié, tant le sujet et son traitement sont dépressifs.

Le style est assez intéressant mais peu accessible : La narration est à la première personne, par le point de vue d'un Nophtha entre la vie et la mort, ce qui entraine beaucoup de particularité de styles (phrases répétées plusieurs fois, passage d'un sujet à un autre sans logique apparente, contradictions, paragraphes obscurs suivis de descriptions très précises, etc...)

Ce principe du narrateur non-fiable, et les personnages à la psychologie déroutante de Cisco me rappellent beaucoup l'oeuvre de Gene Wolfe, notamment The Book of The New Sun. Les lecteurs de l'un aimeront certainement l'autre.

A la différence des livres de Wolfe, je me suis plusieurs fois demandé au cours de ma lecture de The Traitor, si la répétitivité et les maladresses du style étaient entièrement choisies par l'auteur. En tout cas, j'ai trouvé que ces traits étaient souvent trop appuyés, rendant la lecture vraiment pénible. Si le roman avait été plus long, je n'aurais certainement pas pu le finir.

Telle quelle, c'est une oeuvre que je n'ai pas vraiment aimé en terme de divertissement, mais que j'ai trouvé très intéressante en ce qui concerne la psychologie des personnages et ses techniques narratives, et qui pourra certainement tenter les écrivains en herbe.