Dans un futur proche, les expériences génétiques débridées de la Compagnie ont mal tourné, et la population humaine semble avoir presque disparu, victime des nombreuses créatures terrifiantes qui hantent maintenant les ruines de la civilisation.
Dans une ville anonyme, siège de l'ancienne Compagnie, vit un duo : Rachel, qui survit en pillant les vestiges de la ville à la recherche des restes de la précieuse biotech abandonnée par ses occupants, et Wick, ancien employé de la Compagnie, qui recycle cette biotech pour fabriquer nourriture, systèmes de protection...et drogue, commodité nécessaire pour garder son indépendance et négocier des renseignements sur les faits et gestes des deux factions qui ravagent et se partagent la ville :
Mord, expérience ratée de la Compagnie, est un ours immense comme un immeuble et capable de voler. Révéré par certains comme un Dieu, il fait régner la terreur sur la ville avec sa troupe d'ours modifiés. S'oppose à lui la Magicienne, une ombre, une rumeur aux desseins inconnus, qui manipule des enfants génétiquement modifiés afin de renverser Mord par une guerre d'usure.
La ville est un champ de bataille figé, ou chacun survit dans l'ombre du conflit sans fin entre Mord et la Magicienne. Jusqu'au jour où Rachel rapporte d'une sortie un organisme ressemblant à un mix entre une plante verte et un poulpe : Borne.
Dernière oeuvre en date de son auteur, Borne est un roman beaucoup plus VanderMeerien que son fameux Annihilation, et donc nettement plus à mon goût. Borne me rappelle surtout son premier roman, Veniss Underground, par ses personnages et son univers torturés, sa créativité et la présence de l'Enfer sur Terre.
L'auteur a l'occasion d'exprimer certaines de ses principales forces : le world building, bien que limité, est intéressant, et le soin apporté à la description quasi anthropologique de certaines créatures est enthousiasmant. La relation délicate et complexe entre les principaux protagonistes n'aurait certainement pas fonctionné sous la plume d'un auteur moins talentueux. Et puis il y a le grain de folie bien sûr, dans les enjeux, dans la tête des personnages (encore un bel usage d'un narrateur incertain), et dans le simple postulat de base, où le ridicule devient Terreur.
Si je préfère le JVM worldbuilder au JVM terrifiant, c'est un livre que je ne peux que recommander, un livre de maturité où la sauvagerie s'exprime en retenue, un livre qui parle de l'humanité sous toutes ses formes.
* Voir aussi l'avis de Gromovar
4 commentaires to Borne, de Jeff VanderMeer:
Le fait que tu écrives que c'est un roman très VanderMeerien me fait dire qu'il pourrait bien me plaire (À l'inverse, je n'ai pas lu Annihilation)
Annihilation est bien mais j'avais l'impression qu'un autre auteur aurait pu l'écrire, alors que là c'est bien bizarre comme j'aime ;-)
Ah super, j'ai hâte. merci pour l'info. j'ai lu de très bons avis de lecteurs qui lisent la VO. J'ai été déçue du dernier tome alors j'espère que celui-ci va me replonger dans la meute! - Avalon Blossom
Great post thankss
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