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Contes Myalgiques I : Les Terres qui rêvent, de Nathalie Dau

jeudi 27 septembre 2007


Auteur francophone.

Je dois bien l'avouer, je n'avais jamais entendu parler de Nathalie Dau avant de parcourir le site de l'éditeur Griffe d'Encre, un soir d'été pluvieux, alors que la pénombre emplissait chaque recoin de mon antre, et que quelques créatures féériques pointaient timidement le bout de leur nez coulant (eh oui).

Griffe d'Encre, étant un éditeur un peu plus malin que certains de ses confrères, présente de courts extraits de chacune de ses oeuvres sur son site, permettant aux lecteurs avides d'oeuvres de qualité de juger rapidement leur catalogue. C'est ainsi que j'ai découvert les Contes Myalgiques. Et je ne le regrette pas.

Contes Myalgiques I : Les Terres qui rêvent est un recueil de onze récits féériques et horrifiques s'inspirant de nombreuses légendes pour enchanter leur lecteur. La première chose qui saute aux yeux du lecteur sans défense est le style fluide et riche de l'auteur, nettement au dessus de la moyenne du genre. Un style riche, ce qui ne signifie pas que Nathalie Dau nous noie sous les descriptions sans fin, bien au contaire, car chacune des nouvelles est particulièrement concise. L'auteur va droit à l'essentiel, mais sans oublier de nous faire rêver.

Certaines nouvelles parmis les plus courtes (je pense par exemple à Désespérée, Bonne année ! ou Le Siestophage) auraient cependant méritées quelques pages supplémentaires, la narration paraissant parfois un peu précipitée à mon goût, ou les idées sous-exploitées. D'autres sont de petits bijoux : J'ai particulièrement apprécié Le Violon de la fée, Demain les trottoirs, Lucine...

L'auteur s'inspire de multiples folklores (russie, inde, bretagne, etc.) et les mots et expressions qui en sont issus sont expliqués en bas de page. Etrange, car c'est une pratique peu courante, mais c'est une bonne idée. Je parle d'inspiration folklorique, mais ces contes vont nettement plus loin, l'auteur apportant ses joies et peines intérieurs, ses cauchemars et ses douleurs lancinantes pour donner une couleur sang à cette tapisserie de fables. Et ce sont finalement ces apports personnels, ces entre-lignes, qui donnent à cette oeuvre sa vie et son caractère.

J'ai également apprécié la postface de Jean Milleman, déjà parce-qu'elle a la bonne idée d'être une postface (les préfaces qui racontent la moitié d'un livre...non merci) mais également parce-qu'elle nous dévoile un peu la personnalité de l'auteur en rassemblant certains passages de ses propres textes pleins de sensibilité.

Pour résumer : La suite !

The People of Paper, de Salvador Plascencia

samedi 22 septembre 2007

Pas de traduction française.

The People of Paper raconte les histoires croisés d'un chicano incontinent, d'une femme en papier, d'un chirurgien d'origami, d'un luchador mexicain, d'un bébé nostradamus, de Saturne, d'un amour perdu, de tortues mécaniques et d'une petite fille accro aux citrons. C'est également les chroniques de la guerre d'un auteur contre son propre roman.

The People of Paper est un peu la terreur du critique, le genre de livres aussi difficile à résumer qu'a évaluer, qui vous fait remettre en question tout ce que vous avez lu auparavant.

Avec ce livre très ambitieux dans sa contruction narrative et par sa recherche graphique exceptionnelle, Salvador Plascencia réalise l'exploit de produire une oeuvre à la fois absurde et profonde, incroyablement travaillée, dans un langage accessible et en moins de 300 pages.

Plutôt que de rester prisonnier de son format, l'auteur en tire parti pour renforcer sa narration : plusieurs colonnes sur une page lorsque l'auteur veux offrir le point de vue de différents personnages sur une même action, mise en page au format "paysage" ou hybride lors de moments de conflits et d'incertitudes, paragraphes effacés, noms rayés, illustrations : chaque élément graphique participe à la logique narrative et encourage le lecteur à s'impliquer dans le récit, à découvrir comment cette folle histoire va bien pouvoir se terminer.

Pour un lecteur curieux cherchant un livre sortant de l'ordinaire en littérature fantastique, The People of Paper est une oeuvre à ne pas manquer.

Une de mes meilleurs lectures de l'année.

Tales from Earthsea, de Ursula K. Le Guin

jeudi 13 septembre 2007

Traduction française : Contes de Terremer

Ce livre est le cinquième volet de la saga Earthsea / Terremer.


Tales from Earthsea est un recueil de cinq nouvelles qui détaillent certains points de l'univers d'Earthsea restés flous jusqu'ici. Si j'avais beaucoup apprécié le premier retour d'Ursula Le Guin dans son monde (Tehanu), ce recueil m'a par contre fortement déçu.

The Finder, la première et la plus longue nouvelle, s'intéresse à l'époque lointaine de la fondation de Roke, l'île servant de siège à l'école de magie et au conseil des mages. C'est un sujet potentiellement intéressant, mais la lecture a été très pénible : presque toute la première partie est lente et inutile, et aurait méritée d'être supprimée. La nouvelle n'apporte finalement que peu de détails ou passages qui ne soit pas de la redite de situations déjà lues dans les quatre premiers livres.

Darkrose and Diamond est une histoire d'amour qui en remet une couche sur les coutumes et le mode de vie des mages. Gentillette et suffisament courte pour être agréable.

The Bones of the Earth raconte une partie de la jeunesse d'Ogion, le maître de Ged, et revient sur l'évènement qui a batit sa réputation : avoir réussi à stopper magiquement un tremblement de terre.

On the High Marsh paraît être un simple pretexte pour faire apparaitre Ged dans le recueil (lors de son "rêgne" comme Archimage), car le reste est finalement anécdotique.

La dernière nouvelle, Dragonfly, était potentiellement la plus importante, puisqu'elle fait le lien entre Tehanu et The Other Wind, le dernier épisode de la saga Earthsea. J'ai eu quelques difficultées à comprendre où l'auteur voulait nous emmener, et on n'en sait malheureusement pas vraiment plus à la fin. J'attendrai d'avoir lu The Other Wind pour donner un jugement définitif sur ce dernier récit.

En espérant que ce dernier livre permette au cycle de se terminer sur une meilleur note.

In the Palace of Repose, de Holly Phillips

samedi 8 septembre 2007

Pas de traduction française.

In the Palace of Repose est un recueil de neuf nouvelles dont les thèmes oscillent entre fantastique, horreur et littérature générale.

Comme dans beaucoup de premiers recueils, la qualité des nouvelles est assez inégale. Cependant, la plupart sont magnifiquement écrites, que ce soit la nouvelle titre In the Palace of Repose (ma préférée, l'histoire du gardien d'un "palace" emprisonnant une créature mystérieuse), The Other Grace (une jeune femme amnésique qui combat le retour de son ancienne identité), Summer Ice (la chronique de vie d'une artiste) ou encore Variations on a theme (l'histoire d'une musicienne de génie dont le talent n'est pas vraiment naturel).

Ces nouvelles ont souvent pour points communs la quête d'identité de leur héroïne au milieu de personnages, d'environnements ou d'évènements fantastiques. The New Ecology, l'histoire surréaliste d'une jeune femme poursuivit à travers les Etats-Unis par des créatures étranges, me rappelle beaucoup les nouvelles de Kelly Link par son côté absurde jamais remis en question.

Un bon recueil pour les amateurs du genre fantastique et de la langue anglaise.

The First Law, de Joe Abercrombie

lundi 3 septembre 2007

Traduction française : La Première Loi.

1. The Blade Itself (2006) / L'éloquence de l'épée
2. Before They Are Hanged (2007)
3. The Last Argument of Kings (mars 2008)

Mon avis sur The Blade Itself :

Logen Ninefingers, un barbare nordique, est laissé pour mort dans une bataille contre son ancien leader, qui l'a trahit et s'est auto-proclamé Roi du Nord. Sa rencontre avec Bayaz, magicien légendaire et énigmatique, va l'emmener jusqu'au coeur de l'Union, ses anciens ennemis. Car l'Union est menacée tant par ses ennemis extérieurs que par ses démons intérieurs, et un homme va rapidement s'en rendre compte : l'inquisiteur Glokta. Autrefois le meilleur homme d'épée de l'Union, son corps meurtri par un séjour comme prisonnier de guerre à fait de lui un infirme qui semble prendre un malin plaisir à arrâcher les secrets de ses victimes. Pendant ce temps, Jezal, un jeune noble flambeur et prétentieux, se prépare pour le grand tournoi qui récompensera le meilleur bretteur de l'Union, et promet la gloire à son vainqueur...


Après la lecture du premier volume de cette trilogie, on constate facilement que Abercrombie n'a aucune intention de révolutionner le genre. Les influences d'auteurs du passé ou du présent (Tolkien, Martin) sont évidentes et pourraient laisser augurer d'une énième pâle copie sans intérêt. Une impression qui est rapidement attenuée. Après quelques chapitres, j'avais tout de suite la sensation d'un jeune auteur honnête, dont le slogan pourrait être : "Oui, je fais la même chose que tous les autres, mais je le fais bien."

Car si The Blade Itself ne présente que peu d'idées sortant des sentiers battus, son auteur est intelligent et talentueux, et son inexpérience ne l'empêche pas de bien maîtriser son scénario. De la même manière que Scott Lynch, Joe Abercrombie s'appuie beaucoup sur des dialogues travaillés pour capturer l'attention du lecteur, et possède une science du rythme et du chapitrage qui lui permet de ne pas la perdre.

The Blade Itself est une lecture facile, sans prétention, qui n'a pas d'autres objectif que le divertissement, ni de multiples niveaux d'interprétation. Mais c'est un objectif qui est parfaitement accompli, et si le livre n'a ni la complexité de A Song of Ice and Fire (Le Trône de Fer) ni la profondeur philosophique de The Prince of Nothing, c'est une oeuvre qui surclasse sans problème beaucoup de soit-disant chez d'oeuvres du genre, avec une pointe d'humour et d'auto-dérision qui fait beaucoup de bien. J'attends la suite.

Tehanu, d'Ursula K. Le Guin

samedi 1 septembre 2007

Traduction française : Tehanu

Ce livre est le quatrième volet de la saga Earthsea / Terremer.

Publié 20 ans après la trilogie originale, Tehanu est un livre qui est très loin d'avoir fait l'unanimité, que ce soit chez les lecteurs ou chez les critiques. C'est en effet un volume assez différent des trois premiers, très contemplatif, qui laisse peu de place au rythme élevé et aux aventures que contenaient ses prédécesseurs.

Bien que ce ne soit pas le dernier volume de la saga, Tehanu avait été pensé et publié comme une conclusion. Effectivement, on a l'impression d'un gros épilogue, mais surtout d'un dialogue et d'un échange entre deux auteurs : l'Ursula Le Guin des années 70, atteignant l'apogée de sa carrière, et celle des années 90 qui a plus de recul sur son monde et le peuple qui l'habite.

Tout au long du récit, on sent une volonté de développer certains aspects laissés en suspens, notamment sur le mode de vie des magiciens (célibat imposé, fonctionnement du conseil des mages, leurs relations avec les habitants d'Earthsea). Ursula Le Guin continue également sa reflexion sur le pouvoir des petits et des grands, une constante dans ses oeuvres, avec ses 3 personnages principaux se débattant face à leur environnement hostile : Ged, autrefois le plus puissant des magiciens, doit apprendre à vivre sans ses pouvoirs, et Tenar cherche un sens à sa vie en dehors de la religion, après avoir renié sa position de plus grande prêtresse de son ordre. Mais c'est à Tehanu, petite fille violée et brulée vive, qu'incombe l'épreuve la plus difficile : devenir adulte sans avoir été une enfant.

Les rôles féminins sont particulièrement développés dans ce livre, et ce n'est pas un hasard. L'auteur avait été critiquée dans sa première trilogie pour le déséquilibre entre son traitement des personnages hommes et femmes (ex : pas de femme magicienne, un seul personnage féminin majeur) et son envie de rectifier ce point est ici évident.

Au final ce livre est pour moi une excellente surprise, qui a très peu de chances de plaire aux lecteurs de fantasy recherchant batailles et aventures, mais qui comblera ceux qui s'intéressent à la façon dont un monde fictif peut évoluer durant la carrière d'un auteur, ou ceux qui apprécient simplement les talents de conteuse et la sensibilité d'Ursula Le Guin.