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Pride of Carthage, de David Anthony Durham

samedi 16 février 2008

Pas de traduction française.

Pride of Carthage est un roman de fiction historique. Je sais, ce blog n'est censé parler que de littératures de l'imaginaire, mais comme Durham est également un auteur de Fantasy (avec Acacia), je me permet de déroger à la règle.

D'autant que Pride of Carthage est un roman qui mérite plus la lecture que 90% de ce qui est publié en Fantasy, ce qui aide aussi pas mal. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un récit romancé de la vie d'Hannibal, général carthaginois, au travers de son principal fait d'armes : son incroyable épopée à travers l'Espagne, la Gaule, les Alpes et l'Italie, pour permettre à Carthage de défier la puissance de Rome.

Pour raconter son histoire, Durham nous fait entrer dans la tête d'Hannibal, mais pas seulement, même si celui-ci reste le point de vue principal du récit. On suit également les évènements par les yeux de sa famille, des consuls romains ou de soldats misérables qui ne comprennent pas toujours ce qu'ils font dans ces conflits interminables et meurtriers.

Première satisfaction : la prose est de qualité, presque un régal quand on sort d'un régime à base de John Marco ou de R.E. Feist. Ceci dit, ce style serait bien accessoire sans un scénario travaillé (bien aidé évidemment par son socle historique légèrement romancé) et des personnages aux personnalités crédibles. Que ce soit pour les personnages principaux, ou les figurants, Durham ne s'est pas loupé sur sa caractérisation, et parvient à nous plonger dans les mentalités de l'époque, à la fois familières et étranges (pensez à la série TV Rome).

Les scènes de bataille ou de siège, qui forment une part importante du récit, sont très bien décrites, avec un soin particulier pour expliquer les différentes tactiques utilisées par les généraux carthaginois et les consuls romains pour venir à bout de leurs ennemis. Avec la traversée des Alpes par Hannibal et ses troupes, particulièrement bien évoquée, Durham réussi à évoquer en 20 pages toute l'horreur de la marche d'une armée désespérée dans des conditions apocalyptiques, se permettant de reléguer au passage l'incroyablement surcôté Deadhouse Gates de Steven Erikson à sa seule place méritée : hors de ma vue.

Si Pride of Carthage n'est pas le roman de l'année, il n'en reste pas moins une fiction historique de très bonne qualité, susceptible également de plaire aux lecteurs de Fantasy et particulièrement aux amateurs de Guy Gavriel Kay ou de George R.R. Martin.

Never Let Me Go, de Kazuo Ishiguro

mercredi 13 février 2008

Traduction française : Auprès de moi toujours

Contrairement à ce que son nom laisserait à penser, Kazuo Ishiguro n'est pas japonais, mais britannique d'origine nippone. Le monsieur écrit donc directement en anglais, pour mon plus grand plaisir. D'autant que le titre français est particulièrement laid et détourne le sens original, ce qui pourrait laisser présager le pire concernant la traduction.

J'avais déjà beaucoup entendu parler de ses Never Let Me Go et The Remains of The Day, mais ce n'est que maintenant que je me suis décidé à sauter le pas. Mon choix, s'est posé sur Never Let Me Go pour son petit élément de science fiction (ou plutôt d'anticipation), mais il s'agit bien d'un roman de littérature générale dont je vous parle aujourd'hui.

"Kath, Ruth et Tommy ont été élèves à Hailsham dans les années quatre-vingt-dix ; une école idyllique, nichée dans la campagne anglaise, où les enfants étaient protégés du monde extérieur et élevés dans l'idée qu'ils étaient des êtres à part, que leur bien-être personnel était essentiel, non seulement pour eux-mêmes, mais pour la société dans laquelle ils entreraient un jour. Mais pour quelles raisons les avait-on réunis là ? Bien des années plus tard, Kath s'autorise enfin à céder aux appels de la mémoire et tente de trouver un sens à leur passé commun. Avec Ruth et Tommy, elle prend peu à peu conscience que leur enfance apparemment heureuse n'a cessé de les hanter, au point de frelater leurs vies d'adultes. Kazuo Ishiguro traite de sujets qui nous touchent de près aujourd'hui : la perte de l'innocence, l'importance de la mémoire, ce qu'une personne est prête à donner, la valeur qu'elle accorde à autrui, la marque qu'elle pourra laisser. Ce roman vertigineux, porté par la grâce, raconte une histoire d'humanité, de conscience et d'amour dans l'Angleterre contemporaine. Ce chef-d'œuvre d'anticipation est appelé à devenir le classique de nos vies fragiles."

Bon, l'auteur du résumé s'enflamme un peu sur la fin, mais comme son résumé est l'un des meilleur que j'ai jamais lu (juste sur tout les points, sans pourtant rien dévoiler), je lui pardonne. Et je n'ai rien à ajouter.

La seule chose que j'aurais à vous conseiller, c'est de ne rien lire de plus sur ce roman, ni résumé, ni analyse. Ce serait tuer son terrible plaisir.

"When I watched you dancing that day, I saw something else. I saw a new world coming rapidly. More scientific, efficient, yes. More cures for the old sicknesses. Very good. But a harsh, cruel world. And I saw a little girl, her eyes tightly closed, holding to her breast the old kind world, one that she knew in her heart could not remain, and she was holding it and pleading, never to let her go. That is what I saw. It wasn't really you, what you were doing. I know that. But I saw you and it broke my heart. And I've never forgotten."