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Onirismes

dimanche 12 septembre 2010
Le site web d'Onirismes est officiellement en ligne depuis ce matin.


Onirismes est un webzine bilingue (français - anglais), spécialisé dans la publication de nouvelles de fiction et de poésie, relevant des littératures de l'Imaginaire (fantasy, fantastique, science-fiction, et variations interstitielles diverses).

Si je vous en parle sur ce blog, c'est que ce webzine est fondé par votre serviteur, et co-édité avec Hélène. D'autres membres éminents de la blogosphère nous ont déjà rejoints :)

Pour plus d'information sur les buts de notre webzine, ainsi que sur le type de textes que nous souhaitons publier, retrouvez-nous sur : http://onirismes.com/

Pour toute information supplémentaire, vous pouvez également contacter Onirismes via contact@onirismes.com.

The Sad Tale of the Brothers Grossbart, de Jesse Bullington

mercredi 7 avril 2010

Traduction française prévue (Bibliothèque Interdite).

Nous sommes en Europe, au XIVème siècle. Alors que la peste noire finie de dévaster villes et campagnes, les frères Grossbart se moquent bien de la misère qui sévit autour d'eux. Spécialisés dans le pillage de tombes, les deux frères font leur richesse sur le dos des innocents. Convaincus d'être le bras armé de la Vierge Marie, ils décident de partir dans un périple pour s'approprier les richesses des "hérétiques" d'orients...mais trouveront bien des obstacles sur leur chemin.

Bullington soutiens avoir écrit ce livre (son premier roman) en réaction à la manie (plus ou moins) récente de "glamouriser" les voleurs, mercenaires, et autres sombres personnages dans les romans de Fantasy (on pense à Locke Lamora évidemment, ou à du Abercrombie, etc...) On n'a pas de mal à le croire, au vue tant de la forme que du fond de ce "conte" (à la Grimm), dont le contenu de violence et d'immoralité est rarement atteint dans le genre.

Un des points forts de ce roman tiens dans la personnalité des frères Grossbart, des antihéros assez intéressants : très bons combattants, car particulièrement vicieux et sans morale, ils se cachent derrière une interprétation toute personnelle de la religion (leur "Sainte Patronne" est, ironiquement, la Vierge Marie) pour s'accorder l'absolution après leur crimes les plus abjectes (la fiction en rejoindrais presque la réalité).

L'environnement est également très intéressant, car mis en valeur par de nombreux petits détails bien ancrés dans la réalité historique de l'époque (l'auteur semble assez érudit sur cette période).

Le style de l'auteur ne gâche rien, bien au contraire : l'intérêt de cette lecture, malheureusement pas toujours bien rythmé ni passionnante dans ses rebondissements, tiens bien souvent à l'écriture très particulière du récit. C'est particulièrement visible dans les dialogues, de l'anglais oral bien gras, notamment entre les frères, qui ne manquent pas de repartie.

Le principal problème, à mon sens, viens du développement de l'intrigue, qui souffre de n'être généralement qu'une succession de scènes épisodiques. L'intérêt n'évolue jamais vraiment au delà de sa situation initiale (la "scène d'introduction" est certes particulièrement percutante) et s'effiloche au fur et à mesure de rencontres souvent sans queue ni tête.

L'élément fantastique (que je ne révèlerai pas, pour ne pas gâcher la lecture) est peut-être finalement l'élément déclencheur de cette perte d'intérêt, car ridicule et mal utilisé. C'est très dommage, et à ce compte j'aurais préféré une fiction historique pure, avec des deus ex machina plus censés.

Je résumerai en disant qu'il s'agit pour moi d'un coup dans l'eau, mais d'un auteur qui aurait raison de persévérer : si je n'ai pas adhéré à ses choix de narration, il a toute les qualités techniques requises pour nous sortir prochainement de la très bonne fiction.

Finch, de Jeff Vandermeer

dimanche 28 février 2010

Pas de traduction française.

Dans Finch, les mystérieux champigniens ont reconquis la cité torturée d'Ambergris, et l'ont placé sous le contrôle de leur police secrète : les Partiels, sortes d'hybrides mi-humains mi-champigniens. La maison Hoegbotton a été démantelée, et les habitants se massent autour de champignons géants hallucinogènes, délivrant la seule drogue capable de leur faire supporter leur quotidien.

Les camps de travaux forcés marchent à plein, en vue de la construction de deux tours inquiétantes...

Évoluant dans ce contexte trouble, le détective John Finch, qui vit avec son chat et son lézard domestiqués, est placé sur une affaire de double meurtre par ses employeurs champigniens. Il est encore bien loin de s'imaginer que cette enquête va l'amener à lever un des plus grands mystères de l'histoire d'Ambergris...


Dernier roman de JVM, Finch vient clore, du moins officiellement, le cycle de textes décrivant la cité imaginaire d'Ambergris. Prenant place quelques années après les évènements décrits dans Shriek : An Afterword, Finch suit le parcours du personnage éponyme, détective hard-boiled dans une Ambergris dont les côtés sombres sont à nouveaux à l'honneur (et à l'horreur).

Car les champigniens sont de retours, et ils ne sont pas du tout content.

C'est fou ce qu'il est fort. Dans cette cité, Vandermeer est capable de tout : humour absurde pratchettien, chronique historique et de vie (CoSaM), fresque retraçant l'histoire d'une famille et un conflit à l'échelle d'une ville (Shriek), et enfin thriller horrifique basé sur les mêmes éléments absurdes (et ridicules) que les précédents ouvrages. Et il arrive malgré tout à produire un thriller haletant, qui laisse souvent un goût de...moisissure dans la bouche.

Comme toujours, le style est irréprochable. Si Finch, qui se place chronologiquement en dernier dans le cycle d'Ambergris, est peut-être le plus "classique" des romans de JVM sur la forme (structure et narration linéaire), cela ne lui enlève rien de ses qualités littéraire et de divertissement.

Comme ces prédécesseurs, Finch joue avec les références et les auto-références. L'Albumuth Boulevard, la Manzikert Avenue, le Voss Bender Memorial, et même les fameux calamars d'eau douce :) sont autant d'éléments iconique de cette ville qui sont ici distillés au fil de l'enquête menée par son personnage principal. L'histoire d'Ambergris est fortement mise en valeur : certains des principaux ressorts scénaristiques sont basés sur des éléments des annexes de La Cité des Saints et des Fous (on en apprends plus sur les "voisins" d'Ambergris comme Stockton ou le Kalif), et Shriek occupe une place centrale dans l'intrigue de fond du roman.

Pour ces raisons, et même si il peut tout à fait être apprécié indépendamment, Finch gagne énormément à être lu après CoSaM et Shriek pour prendre tout son intérêt.


Finch est peut-être le moins impressionnant des trois livres d'Ambergris. Il n'en reste pas moins le meilleur livre que j'ai lu depuis le début de l'année, et un premier challenger pour le titre de meilleure lecture de l'année 2010.