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Tigana, de Guy Gavriel Kay

vendredi 25 mai 2007

Traduction française : Tigane.

La carrière littéraire de Guy Gavriel Kay commença en 1974, lorsque Christopher Tolkien lui demanda de l'aider à compléter les fragments du Silmarillion commencé par son père. L'influence de l'oeuvre de Tolkien le suivit longtemps et est d'ailleurs très présente dans sa première oeuvre personnelle, la trilogie Fionavar, écrite dans les années 80 et souvent regardée avec dédain par les lecteurs chevronnés du genre Fantasy du fait entre autres de son classicisme.

Tigana est le premier roman "one-shot" de Guy Gavriel Kay et marque un tournant dans sa carrière. Publié en 1990, il inaugure ce qui sera par la suite la marque de fabrique de l'auteur : un récit de fantasy dans un univers inspiré par l'histoire de notre monde. Pour Tigana, Kay a choisi comme inspiration la péninsule italienne de la renaissance et ses multiples provinces et cités-états.

Les conflits incessants qui opposent ces factions en ont permis la conquête par deux empires rivaux représentés par deux terribles sorciers. Le livre raconte l'histoire du conflit entre ces deux mages pour la suprématie sur la péninsule et le parcours d'un groupe de rebelles originaires de la province de Tigana, qui souhaitent se venger des exactions qu'ils ont subits lors de la conquête.

Derrière ce synopsis somme toute très simple se cache une histoire prenante et quelques personnages particulièrement bien travaillés, la relation Dianora-Brandin en étant certainement le meilleur exemple. Finalement, mon seul vrai reproche concerne le format : c'est un peu court. J'aurais aimé que certains personnages secondaires soient plus développés, et en savoir plus sur la vie de chacun après le conflit principal, car Kay nous en offre une gallerie assez importante et on sent qu'il y a matière à les développer.

En comparaison des autres romans de cet auteur, Tigana m'a moins captivé que The Lions of Al-Rassan, mais je l'ai préféré à The Last Light of the Sun ou à A Song for Arbonne.

Malgré quelques défauts mineurs, c'était une lecture très agréable, que je conseille à tous.

City of Saints and Madmen, de Jeff VanderMeer

jeudi 10 mai 2007

Traduction française : La Cité des Saints et des Fous.

"Il était une fois sur les bords du fleuve Moss, une cité fantastique du nom d'Ambregis qui entretenait une troublante ressemblance avec le monde que vous pensez connaître. Bâtie avec le sang de ses premiers habitants et marquée pour des siècles par les répercussions de cette lutte, Ambregis est devenue une métropole d'une cruelle beauté - refuge pour les peintres et les voleurs, les compositeurs et les meurtriers... Vous y croiserez des Saints vivants, des écrivains fous, de médiocres artistes se transformant soudain en génies, des calmars géants intelligents, ou encore d'étranges créatures furtives qui ressemblent à des champignons et détiennent les clés de nombreux secrets. Vous y trouverez aussi, au fil de ce livre-univers rabelaisien, grotesque, tragique et parfois déchirant, l'un des plus beaux portraits de ville de la littérature contemporaine." (Amazon.fr)

Ce livre est celui qui a totalement redéfinit ma vision de ce que pouvait être la Fantasy lorsque je l'ai lu en 2006. C'est un livre qui ne plaira pas à tout les publics, avec sa structure très particulière et les multiples changements de style de son auteur qui peuvent dérouter.

Cette oeuvre est un roman, une collection de nouvelles, un traité historique, une biographie, un entretien en hopital psychatrique (avec l'auteur lui-même comme personnage principal) et un glossaire délicieusement tordu. C'est un peu de tout cela, mais c'est surtout, à mon avis, l'un des plus grands chefs-d'oeuvre de la fantasy de ces dernières années.

La Fantasy est un genre qui s'essouffle, sans originalité

jeudi 3 mai 2007
En lisant divers blogs et forums sur la toile ces derniers temps, je me rends compte que beaucoup d'entre eux aborde à un moment ou à un autre le même sujet : La Fantasy est un genre qui s'essouffle, il n'y a presque plus d'originalité, seulement des copies des oeuvres des maîtres (Tolkien, Tolkien et parfois Tolkien) par des auteurs dont le seul but est de se remplir les poches (Paolini, Goodkind, Brooks, etc.)

Eh bien je dis oui, effectivement. Oui.

Et non.

C'est un tout petit peu plus complexe que ça, forcément, mais c'est un sujet intéressant parce-que même si c'est une question qui peut finalement être posée pour n'importe quel genre littéraire, la réponse pour la Fantasy n'est pas necéssairement évidente.

La particularité de la Fantasy c'est que par définition c'est un "machin", un genre pas vraiment classable, et qu'on ne sait pas vraiment quoi mettre dedans.

Prenons la Fantasy dans son sens le plus étroit, c'est-à-dire ce que les anglo-saxons appellent la High Fantasy (= fantasy type Tolkien avec magiciens, trolls, etc.). On peut bien sur lui faire le reproche de ne pas se renouveller, et de toute évidence c'est le cas. Mais après tout la High Fantasy c'est de la High Fantasy, on ne va pas demander à un livre de ce genre d'avoir des scènes de combat en vaisseaux spatiaux, ou des joutes de lutteurs greco-romains. Ceci dit, il est probablement possible de réutiliser les clichés du genre et de réaliser un traitement original.

Quoi qu'il en soit, mon principal problème avec les avis dont je parlais plus haut, c'est que leurs auteurs semblent se contenter de cette vision très traditionnelle et limitée du genre.

La Fantasy au sens anglo-saxon du terme, qui englobe ce que l'on appelle le fantastique en France, est tout sauf sclérosée. Peut-être est-ce d'ailleurs cette distinction entre Fantasy = médieval et Fantastique = moderne qui fait se poser en France la question du renouveau du genre, problème qui n'est jamais évoqué chez les internautes anglophones. En effet, je pense qu'en faisant une séparation aussi nette entre ces deux genres voisins de l'imaginaire, les lecteurs ont tendance à ne s'approprier qu'un seul de ses genres et à délaisser l'autre par préjugé.

C'était en tout cas ma situation personnelle avant d'atteindre un bon niveau d'anglais et de pouvoir ainsi nettement étendre mes horizons de lecture, et voir ce qui se passait chez nos voisins. J'ai découvert par la suite qu'une partie des auteurs que je lisait en anglais avait déjà été traduit en français depuis plusieurs années, mais que je les avait ignoré car je n'avais aucune idée que ce qu'ils écrivaient, estampillé fantastique chez nous, était en fait pour la plupart tout simplement de la Fantasy.

(Je vous laisse quelques instants sur cette révélation insoutenable. Je vais reposer mes petits doigts potelés un moment. Je reviens immédiatement après cette brève coupure publicitaire.)

Toute cette tartine pour en venir au fait que, à mon avis, la plupart des personnes qui critiquent la production fantasy actuelle le font sans aucun mauvais esprit, mais ne connaissent en fait pas bien le genre. Ce qui est finalement une bonne nouvelle, puisque cela signifie qu'ils ont des quantités d'oeuvres merveilleuses à découvrir, et c'est un peu la mission de ce blog que de les partager avec eux.

Je vous propose donc maintenant de faire une virée dans la Fantasy au sens large pour essayer de comprendre ce que signifie ce terme pour moi et pour une bonne partie de la planète (vous savez, celle où les armes sont en vente livre...euh libre).

On peut s'amuser à classer les oeuvres de Fantasy en sous-genres, ce qui est un peu vain dans l'absolu mais peut permettre de mettre en évidence la diversité des oeuvres proposées en littératures de l'imaginaire. Ce que je vous propose n'est pas une classification stricte, imposée par l'Académie de la Fantasy mondiale, c'est simplement un outil personnel pour découvrir de nouvelles choses.


High Fantasy : j'en ai déjà parlé, c'est la Fantasy classique : Tolkien, Eddings, Paolini, Goodkind pour ne citer que les plus connus. Force est de constater que Tolkien, en ouvrant la voie, a également fermé la porte derrière lui, tant la richesse de son univers semble impossible à reproduire. Heureusement, rien n'oblige à se battre directement sur le terrain du professeur.

Epic Fantasy : le terme est peut-être impropre, mais s'est énormément popularisé ces dernières années, en faisant le sous-genre de Fantasy le plus dynamique. Les auteurs majeurs sont George R.R. Martin, R. Scott Bakker, Steven Erikson ou encore Greg Keyes. C'est un type de Fantasy qui se concentre sur des conflits politiques et/ou militaires de grande envergure, vue par les yeux de plusieurs personnages aux destins et perspectives opposés. Le but étant de proposer une histoire moins linéaire (les points de vue alternent) et moins manichéenne : il n'y a pas vraiment de "gentils" ou de "méchants", seulement des intérêts divergeants. Ces oeuvres tendent à se concentrer d'avantages sur les protagonistes que sur l'univers qui les entoure.

New Weird : certains grinceront des dents en me voyant employer ce terme, mais tant pis. Il n'y a pas vraiment de Fantasy "New Weird" à proprement parler, mais plutôt une tendance commune à un certain nombre de jeunes auteurs, qui cherchent à proposer des oeuvres de Fantasy se plaçant aux frontières de la Science fiction et/ou de l'Horreur. Les principaux auteurs catégorisés New Weird sont China Miéville(*), Jeff VanderMeer, Hal Duncan ou encore K.J. Bishop. Les auteurs de ce courant tendent à réutiliser les clichés de la High Fantasy (créatures, magiciens, univers médiéval ou renaissance) et à les combiner à un traitement très sombre : cités décadentes, créatures mi-monstres mi-humaines, éléments steampunk).

Urban Fantasy : ce genre est un peu foure-tout, pouvant accueillir le meilleur (Charles de Lint, Neil Gaiman, China Miéville(**)) comme le pire (je vous laisse deviner) et correspond plus ou moins à notre genre "Fantastique". On peut y mettre tout ce qui touche au surnaturel tout en prenant pour base le monde réel. Le traitement est par contre très variable, pouvant aller des chroniques de vie mélancoliques de Charles de Lint aux enfants sorciers de J.K. Rowling.

Light Fantasy : c'est de la fantasy basé sur l'humour ou l'absurde, comme les oeuvres de Terry Pratchett. Un auteur de light fantasy francophone : Fabrice Colin avec "A Vos Souhaits".

Slipstream/Magical realism : difficile à décrire, car on touche aux limites de la fantasy, ces deux genre voisins sont très proches de la fiction classique dans le ton, si ce n'est la présence d'éléments surnaturels plus ou moins important : Gabriel Garcia Marquez, Kelly Link, Haruki Murakami...

Historical Fantasy : c'est un sous-genre qui se rapproche de l'uchronie, avec une base historique quelconque sur laquelle on ajoute des éléments fantasy : "Le Lion de Macédoine" de David Gemmell ou la plupart des romans de Guy Gavriel Kay.

Bref, on peut continuer comme cela longtemps mais il n'est pas difficile de voir que ces sous-genres se chevauchent tous plus ou moins. Cette classification est tout de même utile, pas dans un but futile de catégorisation mais pour faciliter la découverte d'oeuvres peu connues dans un genre immense. Elle permet de se poser des questions comme : Avez-vous déjà lu une oeuvre New Weird ? Une oeuvre Slipstream ? de la Fantasy historique ? Elles ne vous plairont peut-être pas, mais après tout vous ne perdez rien à essayer...et vous avez peu de chances de tomber sur un clone des grands classiques. Si vous recherchez des oeuvres un peu alternatives, n'hésitez pas à demander des conseils sur les forums en donnant des noms de sous-genres que vous souhaitez explorer, les avis peuvent être très pertinents.

Le reste ne dépends que de vous. Rompez soldat, et bonne chance dans vos recherches :D

(*) : Perdido Street Station, The Scar (Les Scarifiés)
(**) : King Rat (Le Roi des Rats), Un Lun Dun

Dreamsongs, de George R.R. Martin

mercredi 2 mai 2007

Pas de traduction française.

Je m'aperçois que je n'ai pas encore commenté de collection de nouvelles, un format qui selon moi est injustement ignoré par la plupart des lecteurs. Peut-être parce-que c'est le format que beaucoup d'auteurs utilisent pour faire leurs premières armes et que par conséquent la qualité des oeuvres peut être très variable.

Oui mais voilà, le format nouvelle permet aussi de tenter des choses qu'un éditeur n'oserait pas publier dans un format plus long. Parfois c'est un échec, d'autres fois...miam !

Dreamsongs : a RRetrospective est un livre d'environ 1200 pages (grand format, couverture dure) regroupant les meilleurs nouvelles de George R.R. Martin en un seul volume, ce qui est d'autant plus intéressant que certaines sont très difficiles à trouver ailleurs. Le livre contient également certains de ses scripts écrits pour différentes séries de SF americaines.

George R.R. Martin est un des auteurs de fantasy les plus connus actuellement, que ce soit en france ou dans les pays anglosaxons. Il doit sa grande popularité à sa série de fantasy épique en cours de publication A Song of Ice and Fire, qui est pour moi la meilleur série épique jamais publiée.

Dreamsongs est une collection très variées, regroupant des textes allant de la fantasy classique à la science-fiction en passant par des histoires d'horreur. Le talent de l'auteur est comme toujours évident lorsqu'on voit avec quelle facilité il nous plonge dans un genre, puis dans un autre, sans aucune difficulté.

Les histoires sont regroupées en plusieurs parties, chacune correspondant à une thématique et à une étape de sa carrière. On peut lire quelques une de ses premières oeuvres amateurs et chaque partie est précédée d'un commentaire quasiment autobiographique de l'auteur sur son enfance puis sa vie d'adulte (et ses débuts d'écrivains) et les raisons qui l'ont poussé à écrire telle ou telle histoire.

C'est vraiment un ouvrage exceptionnel, autant pour ses nouvelles de grande qualité que pour les fans de l'auteur qui pourront en apprendre beaucoup sur sa vie, ses déboires et ses succès.

Attention, mon verdict n'est pas du tout objectif, j'adore cet auteur :)