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Veniss Underground, de Jeff VanderMeer

mercredi 27 juin 2007

Pas de traduction française.

J'avais donné mon avis il y a quelque temps sur City of Saints and Madmen de Jeff VanderMeer, je vous propose cette fois-ci Veniss Underground, du même auteur. Sachez que Jeff sera au festival Utopiales à Nantes du 28 octobre au 4 novembre 2007, si cela peux vous donner une raison de plus pour commencer à lire ses oeuvres.

Si City of Saints and Madmen peut être qualifié de roman mosaïque appartenant au genre fantasy, Veniss Underground est plutôt un court roman d'horreur, avec des influences SF.

C'est en fait une reflexion sur l'identité et les dérives de l'humanité au travers de la décente aux enfers (littéralement) de ses protagonistes dans les souterrains de la cité sombre, merveilleuse et décadente de Veniss.

En plus du roman lui-même (180p), le livre contient quatre nouvelles dont l'action se déroule autour de la même ville, et qui permettent de découvrir le futur de l'univers de Veniss de nombreuses années après l'histoire du roman et prolongent la reflexion sur la décadence de cette société humaine, qui ressemble en fait beaucoup à la notre.

Il y a également beaucoup de choses intéressantes sur le plan stylistique, notamment l'utilisation parfaitement maitrisée des trois personnes de la narration (deuxième et troisième dans le roman, première personne dans une nouvelle).

En conclusion, c'est une excellente introduction à l'oeuvre de VanderMeer, où on peut déjà voir le talent du futur créateur de la cité d'Ambergris.

The Last Light of the Sun, de Guy Gavriel Kay

dimanche 24 juin 2007

Traduction française : Le dernier rayon du Soleil.

"Quelque part au nord, dans des contrées sauvages au climat extrême, trois civilisations sont parvenues à un tournant de leur histoire. A bord de leurs vaisseaux-dragons, les Erlings mènent des raids sanguinaires contre les Anglcyns, contraints de s'allier avec leurs ennemis de toujours, les Cyngaëls, pour repousser les envahisseurs. Mais le vent du changement souffle sur ces terres hostiles où rien ne pousse. Thorkell le Rouge, Aëldred et Alun, les chefs de ces trois peuples que tout oppose, vont bientôt réaliser que leur survie dépend les uns des autres, tant leurs destins sont désormais étroitement liés. Malgré la présence bienveillante des fées de l'entremonde, est-on arrivé au dernier rayon du soleil ?"

J'avais donné mon avis sur Tigana, le premier roman de Kay (après la trilogie Fionavar) que j'avais plutôt apprécié. The Last Light of the Sun est nettement plus récent (2004) mais ça ne se voit pas vraiment. Kay réemploi sa recette fétiche mélangeant influences historiques et fantasy pour créer un univers qui lui appartient. J'ai trouvé cette histoire nettement moins ambitieuse que celle de Tigana, et en conséquence mieux maitrisé, mais aussi moins intéressante.

Il se passe finalement assez peu de choses importantes dans ce livre, et il est au départ difficile de différencier les différentes cultures dépeintes par l'auteur. Quoi qu'il en soit, la prose de Kay est toujours aussi agréable et parvient à maintenir l'attention du lecteur lorsque l'action s'essouffle.

Ce livre n'est donc pas un essentiel de Kay, (je préfère nettement Les Lions d'Al-Rassan) mais c'est un divertissement agréable que je conseille à ceux qui ont apprécié ses oeuvres précédentes.

The Long Price Quartet : A Shadow In Summer, de Daniel Abraham

dimanche 17 juin 2007

Pas de traduction française.

Je ne suis pas un grand amateur de cycles de fantasy. Il est déjà difficile de faire un très bon roman, alors je trouve qu'en écrire quatre, six, dix, sans baisser de niveau, et en ne cédant pas à la tentation du remplissage relève presque du miracle, et n'est que très rarement accomplit.

Pour autant, il y a quelques très bonnes séries en cours actuellement, et de nouveaux auteurs apparaissent régulièrement, dont certains semblent avoir beaucoup de potentiels pour le futur.

A Shadow in Summer, premier volume de The Long Price Quartet, est paru en 2006 dans l'ombre de sorties comme The Lies of Locke Lamora ou The Blade Itself. Ce livre de Daniel Abraham a pourtant des qualités évidentes, et mérite d'être plus connu.

C'est vrai, l'univers n'est pas très développé, que ce soit son histoire ou sa géographie : vous ne trouverez pas de descriptions de dizaines de pages sur la faune et la flore, pas plus que d'arbres généalogiques des différentes dynasties. Abraham préfère mettre l'accent sur les relations entre ses personnages, dans la tradition des intrigues de cour, et privilegie la description de la culture particulière de son univers, où, pour s'exprimer, les gestes comptent autant que les mots. Un interlocuteur peut parfois exprimer avec les même mots des nuances différentes suivant les postures de son corps (extrait) et si ce système peut paraître étrange au début, on s'y fait très rapidement.

L'autre originalité notable de ce livre est la façon dont Abraham a developpé sa propre magie. Pas de boules de feu, pas de super-pouvoirs, les magiciens de A Shadow in Summer sont des poètes. Choisis avec le plus grand soin, ces personnes sont capables de matérialiser des idées abstraites sous forme d'esprits humanoides doués de la parole et de sentiments. Le problème est de garder le contrôle de ces créatures, car ces incarnations ne désirent qu'une seule chose : revenir à leur état naturel, par tous les moyens.

Il y a longtemps que je n'ai pas lu un début de série de fantasy aussi étonnant. J'ai apprécié que la façon d'écrire de l'auteur s'adapte particulièrement bien à l'ambiance du récit, plutôt que de l'entraver. Les relations entres personnages (peu nombreux) sont particulièrement bien developpées, ce qui est logique puisque c'est le sujet principal de ce premier volume. L'univers est au second plan, mais n'en est pas moins agréable. Le livre est par ailleurs très court pour ce type de récit, ne comptant pas plus de 350 pages.

Mon seul reproche, et il est de taille, concerne le rebondissement final. Il est assez difficile de préciser sans dévoiler l'intrigue, mais il y a une grosse incohérence qui rends la fin assez décevante. Ceci dit, ce n'est pas préjudiciable pour la suite, et cette négligence est pardonnable dans un premier roman.

Une dernière chose, ce livre ne se termine pas sur une révélation ou en plein milieu d'un évènement important, comme cela arrive parfois, et peut facilement être lu comme un roman plutôt que comme le début d'une tetralogie.

Une chose est sûre, je lirai la suite.

Magic for Beginners, de Kelly Link

mardi 12 juin 2007

Traduction française : La Jeune Detective (~2008/9, Denoël).

Une des raisons pour laquelle j'aime autant les genres que sont la Fantasy et le Fantastique, est l'absence de barrières : la seule limite est l'imagination.

Je trouve donc étonnant d'être aussi souvent confronté à des auteurs qui se contentent de copier ce qui a déjà été fait par leur prédécesseurs, le plus souvent en moins bien.

Kelly Link fait partie des artistes qui n'hésite pas à experimenter, sans se soucier de rentrer dans le moule commercial. En plus d'être co-fondatrice de Small Beer Press, un petit éditeur de SF/F (qui publie Ellen Kushner, Alan DeNiro, John Crowley, entre autres), la dame est une des meilleurs auteurs de nouvelles que j'ai pu lire, grâce à un univers et un style très personnel.

Difficile de faire un résumer d'ensemble des dix histoires contenues dans Magic For Beginners. Si il fallait donner un qualificatif à son style, je dirais fantastique-absurde.

Pour vous donner un petit aperçu du contenu de ce livre, sachez que vous rencontrerez des sorcières, des zombies, un sac à mains qui ouvre une porte sur un nouveau monde, le diable, des gens qui voyagent en canon, encore des zombies, des enfants habillés en peaux de chats, des fourmis, des mariages entre morts et vivants, une invasion de lapins, et les stars virtuelles d'une émission télé.

Dans toutes ces histoires, l'utilisation du fantastique et de l'absurde est très présente, mais n'est pourtant pas une fin en soit, et sert à l'auteur pour aborder des sujets plus sérieux, qui tournent la plupart du temps autour des problèmes familiaux.

Bien sûr, tout n'est pas parfait : les deux histoires sur les zombies se répètent beaucoup, et la dernière, Lull, me laisse dubitatif. Les autres nouvelles vont du bon à l'excellent (la nouvelle titre).

Ce n'est pas un recueil qui plaira à tout le monde, que ce soit sur le fond ou sur la forme, mais Kelly Link a une voix unique et ce serait dommage de ne pas lui laisser une chance. La bonne nouvelle, c'est que son premier recueil, Stranger Things Happen, est disponible gratuitement en téléchargement sur le site de l'auteur.

The Age of Unreason, de Greg Keyes

dimanche 3 juin 2007

Traduction française : L'Age de la Déraison.

L'Age de la Déraison est le premier cycle original de Greg Keyes. Précédemment, il avait écrit plusieurs romans dans les univers de Star Wars et de l'excellente série télé Babylon 5. Dernièrement, il a démarré une série de fantasy épique, The Kingdoms of Thorn and Bones, dont le dernier volume est prévu pour début 2008.

Mais aujourd'hui c'est L'Age de la Déraison qui nous intéresse. C'est une tetralogie que l'on peut classer dans le genre uchronie.

1 - Les Démons du Roi-Soleil / Newton's Cannon
2 - L'Algèbre des anges / A Calculus of Angels
3 - L'Empire de la déraison / Empire of Unreason
4 - Les Ombres de Dieu / The Shadows of God

L'histoire commence lorsque Isaac Newton réussi sa première expérience d'alchimie, après des années d'essais infructueux. Sa découverte, le mercure philosophal, va changer la face du monde, en permettant de créer des inventions alchimiques incroyables. En 1720, la guerre entre la France et l'Angleterre prend une nouvelle dimension : des armes puissantes ont été créées d'après ce procédé quasi magique.

Louis XIV, dont la vie a été rallongé par un élixir persan, jubile. Le jeune Benjamin Franklin, alors apprenti imprimeur éperdu d'admiration pour Isaac Newton, a de son côté conçu une nouvelle machine permettant la communication longue-distance grâce à l'éther. Mais les conséquences de tous ces inventions sont terrifiantes : des êtres maléfiques sont apparus et conspirent pour nuire à l'humanité...

Un très bon cycle, avec ce qu'il faut d'originalité pour passionner le lecteur, tout en ne le perdant pas. Les volumes ne sont pas très épais, et à part une longeur dans le troisième, le rythme est très bien géré.

Les personnages ne sont pas particulièrement travaillés pour la plupart, mais suffisemment intéressants tout de même pour qu'on finisse par s'attacher à eux. Le style de Greg Keyes est dans la moyenne.

Si vous cherchez une série qui change des sagas médievales multi-volumes, et que le mélange entre réalité historique et magie ne vous rebute pas, alors jetez-vous sur l'Age de la déraison.