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Lonely Werewolf Girl, de Martin Millar

dimanche 24 mai 2009

Pas de traduction française.

Comme son titre le suggère astucieusement, Lonely Werewolf Girl est une histoire de loups-garous. Mais il ne s'agit ni des monstres sanguinaires qui se sont perpétués depuis les légendes traditionnelles jusqu'à Buffy the Vampire Slayer, ni des nobles lycanthropes en harmonie avec la nature sauvage à la sauce White Wolf, ni d'un mélange des deux tendances. Les loups-garous de ce roman de Martin Millar (où ils constituent la majorité des personnages) sont avant tout des individus. Leur nature inhumaine fait bien entendu partie de ce qu'ils sont, mais elle est très fréquemment éclipsée par des éléments de leur personnalité et des manières de s'adapter au monde moderne qui sont au contraire très humains.


La "lonely werewolf girl" s'appelle Kalix. C'est l'archétype de l'adolescente perturbée : impulsive, asociale, angoissée, violente, à peu près illettrée, anorexique sous forme humaine et boulimique sous forme lycanthrope, elle se taillade régulièrement la chair, dort n'importe où, ne se lave pas, se drogue au laudanum et est obsédée par le souvenir du petit ami avec lequel elle a couché à l'âge de quatorze ans. Kalix est aussi la fille du chef de clan des loups-garous d'Écosse. Elle hait son père et l'a grièvement blessé au cours d'une dispute, ce qui a fait d'elle une fugitive pourchassée.


Kalix est ce qui se rapproche le plus d'un personnage central, mais il serait très exagéré de dire que l'histoire tourne essentiellement autour d'elle. Il y a en tout une bonne douzaine de personnages qui pourraient être qualifiés de principaux et qui ont chacun leurs désirs, leurs projets et leurs relations avec les autres : Daniel et Moonglow, deux humains qui rencontrent la jeune loup-garou par hasard ; Sarapen et Markus, les deux frères de Kalix, qui vont se disputer sauvagement la succession de leur père ; Thrix l'Enchanteresse, soeur de Kalix, qui souhaiterait que toute sa famille la laisse exercer son métier de styliste en paix ; la Reine du Feu Malveria, principale cliente de la précédente, qui désire une garde-robe à faire blêmir de jalousie les autres souveraines de dimensions surnaturelles ; Verasa, mère de Kalix, qui est prête à tout pour que ce soit son fils Markus qui devienne chef de clan ; et encore bien d'autres.


De même, le scénario n'est pas centré autour d'un axe unique et clairement défini : il se compose de nombreux fils, qui se croisent et se mélangent constamment. Martin Millar les orchestre avec beaucoup d'adresse et les pimente de nombreuses surprises. Le roman est divisé en pas moins de 236 chapitres - aucun d'eux ne faisant plus de quelques pages - et bondit avec aisance d'un élément de l'histoire à un autre. Le rythme est vif, le style laconique et il n'y a vraiment aucun moment où on puisse juger que les choses traînent en longueur. Il y a de fréquentes touches d'humour dans l'histoire, ce qui ne l'empêche pas d'être sérieuse et parfois sombre.


Lonely Werewolf Girl est un roman inhabituel par son refus de l'unité classique, une lecture très plaisante grâce à sa fraîcheur et sa vivacité et une histoire intéressante par son originalité et ses personnages très bien développés. Il n'est pas traduit actuellement mais le sera peut-être à l'avenir : la version française d'une oeuvre précédente de Martin Millar, The Good Fairies of New York, vient tout juste de paraître, dix-sept ans après sa publication d'origine.

Auteur de cette chronique : Outremer

4 commentaires to Lonely Werewolf Girl, de Martin Millar:

Martlet a dit…

Bon, pour une fois que j'ai le droit de poser des questions sur ce blog :)

J'avais l'impression, en ayant lu "les petites fées" que le style de Millar (beaucoup de très courts chapitres + changements de points de vue très fréquents) est plus adapté à des livres assez courts qu'à des oeuvres de 500-600 pages comme LWG.

Est-ce que Millar adapte son style entre les deux livres (surtout au niveau des changements de points de vue) ou est-ce que cela reste très similaire ?

Outremer a dit…

L'impression générale de changements fréquents reste similaire mais, maintenant que tu me poses la question et que j'examine les deux livres, je vois que Millar a en effet su adapter son style pour qu'il reste efficace dans un livre nettement plus long.

Dans "Good Fairies", il lui arrive de n'employer un point de vue donné que pendant une demi-page (voire 8-10 lignes) avant de passer à tout autre chose. Dans LWG, les chapitres (qui tournent autour des deux pages) ont une véritable unité d'action et, s'ils emploient plusieurs points de vue sur la même scène, ils le font de manière synthétique.

Outremer

Mimouille a dit…

Paul de Blood of the Muse a récemmment une très bonne critique de son dernier...

www.bloodofthemuse.com/2009/05/milk-sulfate-and-alby-starvation-by.hml

Martlet a dit…

L'adresse semble avoir changé :

http://www.bloodofthemuse.com/2009/05/milk-sulphate-and-alby-starvation-by.html

J'avoue avoir un peu de difficulté à comprendre le processus de notation du monsieur (86/100, really ?) mais c'est un article intéressant sur le tout dernier Millar.

Merci Michael.

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